Les Costumes de Nosferatu : Une rencontre entre histoire et fantastique

On le voit partout : Nosferatu sur les réseaux sociaux, la magnifique frimousse de Lily-Rose Depp, l’affreuse main de notre incontournable vampire interprété par Bill Skarsgård, et cette ambiance glauque et poétique de cet univers. Alors, pourquoi ne pas parler des costumes de ce film qui hypnotise tout le monde en ce moment ?

Je l’avoue, je ne l’ai pas encore vu, mais j’ai lu tout ce que je pouvais sur les costumes. Alors, en attendant de trouver le temps de m’installer devant un grand écran, plongeons dans l’histoire du costume et le merveilleux travail de Linda Muir.

Alors, allons-y. Ce film est le dernier chef-d’œuvre cinématographique de Robert Eggers. Accompagné par Linda Muir pour la partie stylistique, on remarque que l’attention s’est portée sur tous les détails : cinématographiques, photographiques, mais également sur les costumes, qui dépassent la simple reconstitution historique. Ces costumes deviennent un outil narratif puissant, ancré dans la réalité du XIXᵉ siècle tout en sublimant le fantastique. À eux seuls, ils racontent, révèlent et ajoutent des couches de mystère et de terreur à cette histoire gothique.

🇬🇧 🇺🇸 Les Costumes de Nosferatu: History meets fantasy

It's everywhere: Nosferatu on social networks, Lily-Rose Depp's gorgeous face, the ugly hand of our inescapable vampire played by Bill Skarsgård, and the gloomy, poetic ambience of this universe. So, why not talk about the costumes in this film that has everyone hypnotized at the moment?

I confess, I haven't seen it yet, but I've read all I can about the costumes. So, until I find the time to settle down in front of a big screen, let's dive into the history of costume and the wonderful work of Linda Muir.

So let's get to it. This film is Robert Eggers' latest cinematic masterpiece. Accompanied by Linda Muir on the stylistic side, we notice that attention has been paid to every detail: cinematographic, photographic, but also to the costumes, which go beyond mere historical reconstruction. These costumes become a powerful narrative tool, anchored in the reality of the XIXᵉ century while sublimating the fantastic. On their own, they tell, reveal and add layers of mystery and terror to this Gothic story.

Une mode d’époque en résonance avec Nosferatu

L’action de Nosferatu se déroule dans un village fictif allemand de 1838, à la fin de l’ère régence et au début de l’ère victorienne. Cette décennie charnière, où les lignes simples et élégantes des vêtements régence cèdent progressivement la place à des formes plus complexes et structurées. Et cela a du être un défi unique et challengent pour Madame Muir. Inspirée par des journaux de mode allemands d’époque, elle a travaillé avec acharnement pour recréer non seulement des tenues crédibles, mais également des vêtements qui incarnent l’essence du film. On retrouve donc une certaine fragilité, vulnérabilité, et un sentiment d’étrangeté intemporelle.

Les vêtements de deuil : une fenêtre sur l’âme d’Ellen Hutter
Un des éléments les plus marquants du film et des images qui sont sorties de Lily-Rose Depp est le bonnet de deuil porté dans le rôle d’Ellen Hutter. Ce bonnet, associé à une robe noire et un jupon délicatement brodé, est une réinterprétation d’une pièce emblématique du XIXᵉ siècle. Confectionné à partir d’un tissu appelé « crêpe de deuil », il illustre une anecdote fascinante : ce matériau, produit par un processus de plissage complexe à base de rouleaux en porcelaine, était réputé inconfortable et parfois même toxique.

🇬🇧🇺🇸 A period fashion that resonates with Nosferatu

Nosferatu is set in a fictional German village in 1838, at the end of the Regency era and the beginning of the Victorian era. This pivotal decade, when the simple, elegant lines of Regency clothing gradually gave way to more complex, structured forms.

Mourning clothes: a window into Ellen Hutter's soulOne of the most striking elements of the film, and of the images that emerged of Lily-Rose Depp, is the mourning bonnet worn in the role of Ellen Hutter. This bonnet, paired with a black dress and delicately embroidered petticoat, is a reinterpretation of an iconic piece from the XIXᵉ century. Made from a fabric known as “mourning crepe”, it illustrates a fascinating anecdote: this material, produced by a complex pleating process using porcelain rollers, was reputed to be uncomfortable and sometimes even toxic.

« Le crêpe de deuil était raide, parfois enduit de substances comme du sirop de mélasse, ce qui le rendait rigide et difficile à porter, » explique Muir. « Pour Nosferatu, nous avons travaillé avec des artisans pour reproduire cette texture unique tout en l’adaptant aux contraintes modernes, comme l’éclairage et le confort des acteurs. »

Le bonnet, avec sa transparence calculée, devient un élément clé de la mise en scène. Il incarne la transition d’Ellen, jeune femme vulnérable dans ses chemises de nuit immaculées, à une figure plus mature et résolue, portant le poids de ses choix et de son destin.

🇬🇧🇺🇸 “Mourning crepe was stiff, sometimes coated with substances like molasses syrup, making it rigid and difficult to wear,” Muir explains. “For Nosferatu, we worked with artisans to reproduce this unique texture while adapting it to modern constraints, such as lighting and actor comfort.”

The bonnet, with its calculated transparency, becomes a key element of the staging. It embodies the transition from Ellen, a vulnerable young woman in her immaculate nightgowns, to a more mature, resolute figure, bearing the weight of her choices and destiny.

Focus sur les vêtements de deuil

Les vêtements de deuil à l’ère victorienne (même avant) étaient un aspect essentiel de la culture et des pratiques sociales, particulièrement influencés par les stricts codes de conduite de l’époque. Ces vêtements étaient notamment portés pour exprimer publiquement le chagrin et la perte après le décès d’un proche. Le plus intéressant dans ces pratiques un peut glauque ou étrange est le processus ou dirais-je le rituel. On retrouve deux phase majeures, la première le deuil profond ou grand deuil. Cette phase pouvait durer un an ou plus pour des proches directs comme un conjoint ou un parent. Les vêtements étaient intégralement noirs, avec des tissus mats comme le crêpe de soie, qui symbolisaient la sobriété et la tristesse. Puis viens le demi-deuil, après le deuil profond, les femmes pouvaient introduire des nuances comme le gris, le mauve, ou le lavande. Les ornements restaient sobres et limités.

Le deuil victorien reflétait la hiérarchie sociale et les conventions. Les femmes, en particulier, étaient soumises à des règles vestimentaires strictes, qui dictaient même la durée et l’intensité de leur deuil en fonction du lien avec le défunt. Ces pratiques ont été popularisées par la reine Victoria elle-même, qui a porté le deuil pour le prince Albert pendant plus de 40 ans. Ils étaient une façon d’exprimer visuellement le respect pour les morts, tout en respectant les normes sociales et religieuses de l’époque. Ces costumes, lorsqu’ils sont bien intégrés dans une œuvre cinématographique, comme dans Nosferatu, ajoutent une profondeur et une authenticité poignantes.

🇬🇧🇺🇸Focus on mourning clothes

Mourning dress in the Victorian era (and even earlier) was an essential aspect of culture and social practice, particularly influenced by the strict codes of conduct of the time. These garments were worn to publicly express grief and loss after the death of a loved one. What's most interesting about these somewhat creepy or strange practices is the process, or ritual, as it were. There are two major phases, the first of which is deep mourning. This phase could last a year or more for direct relatives such as a spouse or parent. Clothing was entirely black, with matte fabrics such as silk crepe, symbolizing sobriety and sadness. Then came half-mourning, after deep mourning, when women could introduce shades of gray, mauve or lavender.

Victorian mourning reflected social hierarchy and convention. Women, in particular, were subject to strict rules of dress, which even dictated the duration and intensity of their mourning depending on their relationship to the deceased. They were a way of visually expressing respect for the dead, while respecting the social and religious norms of the time. When well integrated into a film, as in Nosferatu, these costumes add poignant depth and authenticity.

Focus sur les détails et accessoires

Les accessoires sont également intéressants. Par exemple, les femmes portaient souvent des voiles longs, parfois opaques, pour cacher leur visage en public. Ces voiles étaient également fabriqués en crêpe et s'appelaient simplement des voiles de deuil. Les bijoux avaient également une place importante. Ils incluaient souvent des matériaux symboliques comme le jais, des mèches de cheveux du défunt (intégrées dans des bagues ou des médaillons) ou des motifs liés à la mort, comme des croix ou des larmes. On retrouve, bien évidemment, les emblématiques gants et mouchoirs, qui étaient noirs et souvent ornés de dentelle, elle aussi noire.

Pour les hommes, le deuil était plus simple. Ils portaient des costumes noirs ou foncés, parfois accompagnés de brassards noirs, de chapeaux noirs ou d’un crêpe attaché autour du haut-de-forme.

🇬🇧🇺🇸 Focus on details and accessories

Accessories are also interesting. For example, women often wore long, sometimes opaque veils to hide their faces in public. These veils were also made of crepe and were simply called mourning veils. Jewelry also played an important role. They often included symbolic materials such as jet, locks of the deceased's hair (integrated into rings or medallions) or motifs linked to death, such as crosses or tears. The emblematic gloves and handkerchiefs were black and often adorned with black lace.

For men, mourning was simpler. They wore black or dark suits, sometimes accompanied by black armbands, black hats or a crepe tied around the top hat.

La fragilité et le mystère des chemises de nuit

Les chemises de nuit d’Ellen, elles aussi, témoignent de la minutie de Linda Muir. « Nous avons testé plusieurs tissus pour trouver celui qui révélerait juste assez sans trop exposer, tout en donnant cette impression éthérée, presque spectrale, » confie-t-elle. Ces chemises, d’un blanc éclatant et légèrement transparent, captent la lumière lunaire et amplifient la symbolique du personnage : une âme pure, piégée dans un monde de ténèbres.

Ce souci du détail se retrouve également dans le costume du comte Orlok, interprété par Bill Skarsgård. Inspiré des nobles transylvaniens du XVIᵉ siècle, le costume mêle fourrures somptueuses et étoffes dorées pour créer un contraste saisissant entre l’horreur du personnage et son charisme étrange. À l’opposé, les villageois, leurs manteaux brodés et leurs coiffes complexes, témoignent de recherches approfondies sur les traditions vestimentaires d’Europe de l’Est, malgré les frontières mouvantes et les archives limitées.

🇬🇧🇺🇸 The fragility and mystery of nightgowns

Ellen's nightgowns, too, bear witness to Linda Muir's meticulous attention to detail. “We tested several fabrics to find the one that would reveal just enough without exposing too much, while giving that ethereal, almost spectral feel,” she confides. The bright white, slightly transparent shirts capture the moonlight and amplify the character's symbolism: a pure soul trapped in a world of darkness.

This attention to detail is also reflected in the costume of Count Orlok, played by Bill Skarsgård. Inspired by the Transylvanian nobles of the XVIᵉ century, the costume blends sumptuous furs and gilded fabrics to create a striking contrast between the character's horror and his eerie charisma. In contrast, the villagers, with their embroidered cloaks and intricate headdresses, bear witness to extensive research into Eastern European clothing traditions, despite shifting borders and limited archives.

Un hommage à l’histoire vivante

Avec Nosferatu, les costumes deviennent des portails vers une époque révolue, où chaque bouton, chaque pli, et chaque couture raconte une histoire. À travers le regard de Linda Muir, ces vêtements ne sont pas seulement des accessoires. Ils sont des acteurs à part entière, porteurs d’un passé qui dialogue avec le présent et amplifie la puissance narrative d’un film déjà inoubliable.

🇬🇧🇺🇸 A tribute to living history

With Nosferatu, costumes become portals to a bygone era, where every button, every fold and every seam tells a story. Through Linda Muir's eyes, these garments are not just props. They are actors in their own right, bearers of a past that dialogues with the present and amplifies the narrative power of an already unforgettable film.

Suivant
Suivant

Dolce & Gabbana entre tradition et modernité Sarde